Notes d'atelier
Drôme des collines - juin 2024
« L’échappée »
L’installation dans son cheminement, intègre un sujet récurrent à mon travail : l’oiseau aux figures multiples d’où émergent liberté, fragilité, légèreté, invasion…
La Maison Quarrée de Moras est un lieu contradictoire : cage d’escalier monumentale et ouverte / cachot, prison, grille, graffiti de prisonniers comme symboles d’enfermement. Ces caractéristiques ont provoqué le choix de ma thématique : l’échappée.
Les espaces que j’ai investis sont le reflet de mes préoccupations ou de mes questionnements : la notion de Pouvoir, de domination mais aussi du pouvoir REVER.
J’utilise comme matériau principal dans une grande partie de l’installation, le papier pour sa légèreté et sa résistance à subir certaines contraintes ou manipulations. La proposition qui en émerge est voulue la plus simple possible.
Les voies de cette échappée :
Par terre ou ciel dans l’installation de la cage d’escalier. Les oeuvres installées dans le cachot fermé montrent symboliquement la domination de l’Homme sur la Nature. Puis dans La prison : L’échappée mentale, le rêve, la folie comme issues possibles.
Les croquis du projet sont à disposition afin de percevoir l’évolution de ma démarche.
d’enfermement. Ces caractéristiques ont provoqué le choix de ma thématique : l’échappée.
Les espaces investis sont le reflet de mes questionnements : la notion de Pouvoir, de domination mais aussi du pouvoir REVER.
Les livres de Jean Genêt y ont trouvés leur juste place.
Espace des Arts Plastiques - Mairie de Saint Vallier
« Semblant de riens » mêle peinture et volume sous forme d’une installation fragile et spontanée. Nature-morte et bestiaire (l’oiseau toujours) se confrontent et se complètent pour interroger encore le geste de peindre et parler de légèreté sans faire semblant de rien(s)… si tant est.
Les matériaux utilisés dans l’installation, rejoignent bien-sûr cette idée de semblant/ressembler que savent vivre les enfants et les artistes.
La confrontation dans l’espace (et dans un seul événement) de mes peintures et de mes volumes, correspond à l’élan que j’éprouve à l’atelier, où idées et expériences se rencontrent. C’est un mouvement qui saisit et sait reconnaître, il est impossible que je m’arrête à une technique ou une forme unique, le flux est trop fort, la magie de la découverte pousse à ne pas mettre une limite, tout est vivant.
J’intègre dans mes peintures un détail, un élément extrait d’œuvres par exemple de Van Gogh, Cézanne,… c’est une interrogation sur l’histoire de l’art autant qu’une reconnaissance vers ses pères influenceurs, je passe alors avec eux de très bons moments à l’intérieur du tableau.
Claire Dumonteil - 26 janvier 2023
TRANS JOUE SUR LES MOTS ET LES IDEES
Les œuvres que je présente pour ce thème interrogent à la fois l’enfance, le péché originel, l’image du Christ en lien, la transcendance, la transgression, le rapport au corps et sa disparition que j’espère avoir traduit avec sensualité et avec une certaine dérision, sans avoir fait le tour de la question.
Trans - Formes OU Formes - Trans reste un jeu (sérieux)
Galerie Une Image - Saint Etienne - Décembre2022
Ai vu une image de la chasse à la glu. Oiseaux suspendus tête en bas, tenus en grappe par des lanières et que porte fièrement au bout d’un poing fermé le chasseur. Réalité barbare d'une technique dite de chasse traditionnelle.
Cette série « Poids plume » dénonce les gestes parfois destructeurs des hommes et révèle la vulnérabilité du vivant.
La main illustre la présence du prédateur dans ses gestes : saisir, serrer, étouffer... Travail du moulage avec les passages de visiteurs à l'atelier ou de mes proches volontaires qui veulent donner du temps à cette expérience.
Je leurs demandais : Vous préférerez prendre ou donner ? Leurs réponses orientaient la position de leurs mains. Les résultats de ces moulages ont accompagné mes peintures d'oiseaux bleus et m'ont permis de renouer avec le volume, voir sur mon site les séries précédentes en bronze « Etreintes »2015/2017, « Les pommes » 2003/2005.
Dans l'espace de l'exposition : la mise en relation Dessin/Volume est enfin là, évidente, renouant ainsi avec le mythe fondateur de l'Histoire Naturelle (la fille de Dibutade) de Pline l'ancien ou plus simplement dit, vouloir retenir tout ce qui va disparaître. Les ombres sont des présences qui naissent des absences.
Je peux dire que « Poids plume » est un travail à plusieurs mains, dans le vrai sens du terme, dans ce cas l'oeuvre s'est faite ensemble. Parmi les différentes pièces réalisées, «Réparer » montre la résilience, c'est le chemin d'une visiteuse qui m'a confiée ses mains, une autre pensée que la mienne et que j'ai heureusement su intégrer...
Les oiseaux occupent mon regard et mon travail au quotidien : portraits d’oiseaux, portraits d’un oiseau mort, la leçon d’Icare…
Les oiseaux bleus de la série « Poids -plume» insistent sur la légèreté, dans le support vivant du papier et le peu de moyens utilisés, une couleur unique : le fameux pigment bleu avec lequel je fais un clin d'oeil à Y KLEIN... La présence et le tracé de l'oiseau naissent de l'effacement, sous mes doigts, mes ongles et l'eau avant que le pigment ne se fige. Elan, énergie à donner sans repentir, sorte de calligraphie d'une encre transparente, le visible est de l'autre côté.
« Effacer pour révéler est la base de mon travail »
Extraits de notes d'atelier – juin/juillet 2022
La série « 21 jours » avait révélé d’une autre manière l’importance du Temps, élément clé de mon travail.
Le sujet d’observation est un bouleau visible de la fenêtre de l’atelier, tiges tombantes élégantes et fines, feuilles d’or d’automne la tête en bas, coulures du temps. Le dessin presque journalier d’une branche, concentration oblige, tracé proche de la calligraphie. Ce presque rien inspire la fluidité des couleurs. Le temps d’une saison BETULA prend vie, une certaine modestie s’impose à moi…
novembre 2020 / janvier 2021
Aquarelle et détrempe
Dans la compagnie d'un oiseau mort, une petite grive, portraits d'elle tant que son oeil immobile peut ou semble encore me regarder, finalement
trois jours, elle prend sans le savoir la pose et s'envole du papier posé. Je note l'heure de réalisation de chacun des dessins, cela me parait important, une seconde comme un instant unique.
Icare vient tourner autour de la petite grive et autour de moi, le silence nécessaire à tout cela rend le geste encore plus évident, continuons sans question. Je pense à Anselme Kiefer "Il n'y a pas de lieu où situer l'esprit, il est comme les traces de pas des oiseaux dans le ciel".
Puis Icare à son tour s'envole. Et l'oiseau reste là.
janvier/février 2020
Aquarelle sur papier Arches
Tournesols cueillis à Mirmande, état de leurs états dessinés et peints au jour le jour
août 2019/janvier 2020
Acrylique sur toile
Quelque-chose tombe, quelque-chose ou quelqu'un est toujours en train de tomber, la chute ou la disparition sont les fondements de mon travail.
Créer des images sert à cela : maintenir.
Je suis pour la poésie des illusions.
La peinture permet l'image de l'image, une sorte de renaissance infinie des possibles. Et puis il y a mes fantômes. Van Gogh, le Caravage... me poursuivent, pomme autant que crâne ou tournesol, etc
La forme prend des formes, elle compose avec elle même.
2019
Gravure sur papier Arches gouaché
Creux, gravure, empreinte, trace.
La matière raconte, sous mes doigts je vois.
Je retourne encore à mon papier capable de tout supporter, parfois blessé il donne encore de la lumière. Faire de la gravure sans presse.
Besoin du rapport avec la matière, plus de l’ordre de la sculpture, enlever la matière, le creux révèle un évidement : comme Giacometti qui procède par l’absence sur le bord du vide.
Il faut du noir sur le papier très blanc, je le recouvre de gouache, la morsure de l’outil révèlera et créé le trait creusé, c’est la première fois que j’utilise un outil incisif et qui ne permet pas de repentir.
Je me souviens des grabouilles/grabouillis que je fais parfois avec un stylo bille ou un feutre, des enlacements du graphisme pour le plaisir et du geste qui veut se perdre dans une sorte de danse ou de rythme proche de la frénésie puis la répétition qui calme à la fin.
Creuser autour de fantômes, creuser les animaux pour leurs peaux, leurs rides qui forment leur carcasse et leur présence. Creuser encore pour leurs attributs blessés ou leurs flétrissures.
Extraits d'oeuvres 2018
Quelques grammes de légèreté et de grâce, présence du peu. Observer un oiseau c’est lever les yeux.
Vient le souvenir des oiseaux tombés du ciel après la bombe d'Hiroshima.
Je commence par l’œil, il me regarde, c’est lui qui me dicte la suite.
Geste, écriture dans l’aquarelle travaillée à plat, les formes se répètent, s’enlacent, se trouvent et s’enchaînent. L’oiseau se métamorphose, il ne croit pas à sa solitude, le pli d’une aile fait naitre l’Autre, un bec courbé trace déjà la figure suivante.
Sorte de calligraphie de l’infini.
Retour à la peinture à l’huile. Il y a comme une libération, c’est le médium des profondeurs.
Surgir du noir, du néant et peindre l’ombre et la lumière, c’est suffisant.
Tracé du dessin à même les doigts, besoin d’être au plus près.
Oiseaux « passeurs d’âmes », Phoenix. Je cherche la résurrection ?
Trois semaines avec eux tous les jours, ils naissent parfois dans des parades amoureuses et disparaissent dans l’effacement du geste, ne conserver que leur présence, leur passage. Dans les trois dernières toiles, presque fantômes, je sais que j’en ai fini avec cette série.
septembre 2017
(notes sur la série de bronzes)
Le touché dans la torsion, la tension exercée au moment du modelage en cire qui est toujours travaillée dans la limite de la rupture, testent et mesurent le geste. Matière aussi creusée où revient souvent l’empreinte ; tout se passe dans un temps très court avant que la cire ne se fige trop, l’œuvre ne devient possible qu’à ce moment-là. Limite, mesure, creuser, temps, œuvre sont les mots que j’ai enfermés dans des boîtes, et qui forment finalement l’essentiel de ma démarche.
Ossements, dessous du corps jamais visible qui porte. Os comme structure complexe où toutes les formes sont réunies : lignes tendues, courbes, aigües, je comprends l’intérêt de Brancusi ou Moore. Il y a de la beauté pure dans ces formes, de la séduction et une Mort sous-entendue, mystère de notre inconnu / Répulsion.
De nous seulement resteront cette matière et ces formes organiques.
Sous les doigts, ces os deviennent symbole humain et personne ; l’idée du couple et de l’enlacement est tentante ; jeux entre les doigts puisqu’il y a forcément de l’intimité dans ce travail qui s’effectue au creux des mains. La cire est fragile et éphémère, chaude et douce. Le bronze est dur, froid et voué à perdurer. Matériaux ici complémentaires ; j’aime le passage de l’un à l’autre, et la ciselure et la patine que j’effectue. Tout conduit à l’autre côté du miroir, au fond ce qui m’interpelle.
mai 2017
Se limiter à quelques mots : temps, mesure, plaisir, œuvre, limite, creuser.
Il me semble que toute une vie peut se résumer à ces mots.
Il y a pour l’instant six boites qui protègent, retiennent ces mots.
On peut ouvrir la boite, toucher les mots, les effleurer, ils ne craignent rien. Le coton est un matériau étrange, magique lorsqu’on l’enflamme. Il semble fragile mais se défend très bien, impossible de planter un clou dans du coton.
Il soigne, nettoie nos petits bobos et en principe on le jette. J’aime le paquet de coton qui se déroule comme les pages d’un leporello, chaque rectangle est même ponctué par de fins tirets, tout est déjà livre, même le blanc plus blanc que celui d’une page.
Comment ne pas être tenté par cette évidence qui pourtant n’est rien...
avril 2017