(notes sur la série de bronzes)
Le touché dans la torsion, la tension exercée au moment du modelage en cire qui est toujours travaillée dans la limite de la rupture, testent et mesurent le geste. Matière aussi creusée où revient souvent l’empreinte ; tout se passe dans un temps très court avant que la cire ne se fige trop, l’œuvre ne devient possible qu’à ce moment-là. Limite, mesure, creuser, temps, œuvre sont les mots que j’ai enfermés dans des boîtes, et qui forment finalement l’essentiel de ma démarche.
Ossements, dessous du corps jamais visible qui porte. Os comme structure complexe où toutes les formes sont réunies : lignes tendues, courbes, aigües, je comprends l’intérêt de Brancusi ou Moore. Il y a de la beauté pure dans ces formes, de la séduction et une Mort sous-entendue, mystère de notre inconnu / Répulsion.
De nous seulement resteront cette matière et ces formes organiques.
Sous les doigts, ces os deviennent symbole humain et personne ; l’idée du couple et de l’enlacement est tentante ; jeux entre les doigts puisqu’il y a forcément de l’intimité dans ce travail qui s’effectue au creux des mains. La cire est fragile et éphémère, chaude et douce. Le bronze est dur, froid et voué à perdurer. Matériaux ici complémentaires ; j’aime le passage de l’un à l’autre, et la ciselure et la patine que j’effectue. Tout conduit à l’autre côté du miroir, au fond ce qui m’interpelle.
mai 2017