Ai vu une image de la chasse à la glu. Oiseaux suspendus tête en bas, tenus en grappe par des lanières et que porte fièrement au bout d’un poing fermé le chasseur. Réalité barbare d'une technique dite de chasse traditionnelle.
Cette série « Poids plume » dénonce les gestes parfois destructeurs des hommes et révèle la vulnérabilité du vivant.
La main illustre la présence du prédateur dans ses gestes : saisir, serrer, étouffer... Travail du moulage avec les passages de visiteurs à l'atelier ou de mes proches volontaires qui veulent donner du temps à cette expérience.
Je leurs demandais : Vous préférerez prendre ou donner ? Leurs réponses orientaient la position de leurs mains. Les résultats de ces moulages ont accompagné mes peintures d'oiseaux bleus et m'ont permis de renouer avec le volume, voir sur mon site les séries précédentes en bronze « Etreintes »2015/2017, « Les pommes » 2003/2005.
Dans l'espace de l'exposition : la mise en relation Dessin/Volume est enfin là, évidente, renouant ainsi avec le mythe fondateur de l'Histoire Naturelle (la fille de Dibutade) de Pline l'ancien ou plus simplement dit, vouloir retenir tout ce qui va disparaître. Les ombres sont des présences qui naissent des absences.
Je peux dire que « Poids plume » est un travail à plusieurs mains, dans le vrai sens du terme, dans ce cas l'oeuvre s'est faite ensemble. Parmi les différentes pièces réalisées, «Réparer » montre la résilience, c'est le chemin d'une visiteuse qui m'a confiée ses mains, une autre pensée que la mienne et que j'ai heureusement su intégrer...
Les oiseaux occupent mon regard et mon travail au quotidien : portraits d’oiseaux, portraits d’un oiseau mort, la leçon d’Icare…
Les oiseaux bleus de la série « Poids -plume» insistent sur la légèreté, dans le support vivant du papier et le peu de moyens utilisés, une couleur unique : le fameux pigment bleu avec lequel je fais un clin d'oeil à Y KLEIN... La présence et le tracé de l'oiseau naissent de l'effacement, sous mes doigts, mes ongles et l'eau avant que le pigment ne se fige. Elan, énergie à donner sans repentir, sorte de calligraphie d'une encre transparente, le visible est de l'autre côté.
« Effacer pour révéler est la base de mon travail »
Extraits de notes d'atelier – juin/juillet 2022